Pourquoi Rayman 3 est le jeu le plus sous-coté des années 2000

Pourquoi Rayman 3 est le jeu le plus sous-coté des années 2000

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Par Jérémie Léger

Publié le

Vingt ans plus tard, retour nostalgique sur Rayman 3: Hoodlum Havoc, le dernier épisode de la série en 3D.

En ouverture de sa prise de parole à la Summer Game Fest, Ubisoft dévoilait un teaser pour le futur DLC de son jeu Mario + The Lapins Crétins: Sparks of Hope. Dedans, on pouvait y retrouver Rayman, annoncé comme invité d’honneur de cette prochaine extension. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup.

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Pour tout vous dire, j’ai grandi avec les aventures du héros sans bras ni jambes et je voue une haine viscérale à ces saletés de rongeurs criards depuis qu’ils ont volé la vedette et mis au chômage le sauveur historique de la Croisée des Rêves. Pour autant, je ne perds pas espoir de revoir un jour Rayman reprendre du service dans une véritable aventure en 3D, même si mon cri du cœur adressé à Ubisoft ici même il y a cinq ans est resté sans réponse…

Mais à quoi bon continuer à se lamenter quand on peut célébrer ? En effet, 2023, c’est l’année des 20 ans du jeu Rayman 3: Hoodlum Havoc. Non content d’être le dernier épisode des aventures de Rayman en 3D, ce jeu reste encore aujourd’hui l’une des expériences les plus marquantes et inoubliables de ma vie de gamer. Et peut-être même de la vôtre.

Il était une fois…

La première chose à savoir sur ce jeu sorti en mars 2003 sur GameCube, PS2, Xbox et PC, c’est qu’il n’a pas été développé par Michel Ancel ni par la team à l’œuvre sur les épisodes précédents, celle-ci travaillant à l’époque sur Beyond Good and Evil. Ce détail a son importance dans la mesure où ce changement d’équipe a déteint sur la direction artistique globale du jeu : l’univers onirique et féerique des épisodes 1 et 2 a laissé place à une ambiance steampunk beaucoup plus loufoque et rock’n’roll.

Parlons d’abord de l’histoire : André le Lums noir veut bouleverser l’équilibre du monde en transformant tous les Lums rouges en Lums noirs. Avec eux, il va forger toute une armée de Hoodlums, une sorte de gangsters complètement barrés et costumés de poils d’animaux. Son plan de domination est parfait, sauf qu’aux portes du cœur du monde, le vilain va se voir stoppé par Globox, le meilleur ami de Rayman, qui va… l’avaler. Et devinez quoi ? C’est à vous, joueur, que revient la mission de le mener chez le docteur pour l’exorciser. Bon, OK, sur le papier, ça casse pas trois pattes à un Ptizêtre, mais les vrais savent que l’aventure vaut le détour.

Dans sa quête vers la guérison, Rayman, armé de ses poings et de ses cheveux en hélico, sera amené à explorer de nombreux mondes tous plus inspirés les uns que les autres : du Concile des Fées à la Tour du Leptys, en passant par la luxuriante Forêt de Claire-Feuille, la traditionnelle Lande aux Esprits Frappés ou encore le glaçant Désert des Knaarens, il y en a pour tous les goûts et tous les biomes.

Aussi, grosse originalité du titre : puisque Globox se trimballe avec le grand méchant du jeu dans l’estomac, il nous accompagne pendant une grande partie de notre périple. André, aka Dédé, ne perdra d’ailleurs jamais une occasion de se moquer de nous en cas d’échec. Cette façon originale qu’a le jeu de prendre le joueur en complice renforce encore plus l’immersion et nous donne l’impression de faire partie du jeu plus que d’incarner son héros.

Un gameplay top tier

Évidemment, comment Rayman pourrait survivre dans ce monde hostile sans ses incontournables super-pouvoirs ? Cette fois, ce n’est plus Ly la fée qui les lui confère, mais la “lessive laser”, un produit radioactif laissé par les Hoodlums et qui transforme nos vêtements en tenues de combat. Ces pouvoirs originaux sont au nombre de cinq : la Cyclotorgnole, qui rétrécit et fait tourner la tête des ennemis, le Pulvéropoing, qui donne à Rayman une force de frappe surpuissante, le Grappinocroc, qui équipe ses poings de grappins métalliques lui permettant de se balancer sur des crochets, le Roquetpunch, qui transforme son poing en missile téléguidé, et enfin l’Épicoptère, une version survitaminée de l’hélico capillaire de Rayman, qui lui permet de prendre de la hauteur.

À côté de ça, le jeu propose, en plus de ces niveaux de plateforme cloisonnés, de nombreuses variations de gameplay. Personne n’a oublié les mythiques combats de chaussures, la bataille navale façon Pirates des Caraïbes, la course en snowboard ou les phases de shoot en vaisseau façon Star Wars. Tout ça, c’est génial, mais le nec plus ultra de ce Rayman 3 restera pour toujours les niveaux en “Funkyboard”, ces parcours à la musique bien funky et complètement psychédéliques servant de transition entre certains mondes. Ah, ceux-là… Combien de fois je les ai refaits pour tenter d’atteindre le score optimal ?

Une version française et un humour aux petits oignons

Ce jeu a d’autant plus de quoi nous rendre fiers qu’il a été fait par des Français. Non pas par Michel Ancel et son équipe, donc, mais par les petits gars de chez Ubisoft Paris. Partant de là, comment ne pas non plus parler de la VF du jeu (la VO, donc), qui est aux petits oignons ?

On retrouve un Rayman plus cool que jamais interprété par Emmanuel Garijo, un Globox drôle, neuneu et incontrôlable quand il boit du jus de prune porté par Jean-Jacques Nervest, Bernard Bouillon qui donne à André un accent parisien à couper au couteau et un Martial Le Minoux qui brille dans la peau de Murfy. N’oublions pas non plus Pierre-Alain de Garrigues (PADG) qui prête sa voix aux médecins Otto et Roméo, respectivement le scientifique allemand fou et le rasta “super méga global overcool”. On a pour ainsi dire eu droit à un doublage cinq étoiles !

Tous ceux qui ont joué au moins une fois dans leur vie à Rayman 3 seront d’accord pour dire que la principale qualité du titre, c’est son humour loufoque et irrévérencieux à souhait.

Il est clair qu’entre les répliques ultra-gores du peuple Knaaren, les élans beaufs et les allusions sexuelles à peine dissimulées de Murfy, un Globox alcoolique malgré lui, les frasques ultra-clichées du commentateur à l’accent marseillais ou encore les sous-entendus illicites de certains “docteurs”, on est bien loin de l’humour plus lisse et davantage axé sur le visuel des précédents opus de la série. Le jeu n’hésite pas non plus à briser régulièrement le quatrième mur, et ce, dès la première phrase du premier niveau du jeu.

En 2003, j’avais 9 ans, et clairement, je ne comprenais pas toutes les vannes. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque j’ai refait le jeu une fois jeune adulte, de capter toutes les subtilités de cet humour tantôt noir, tantôt absurde. “Non ? ! Ils ont pas osé faire ce genre de vannes dans un jeu vidéo ? !” Si, ils ont osé !

En 2023, l’ado que j’étais a grandi et a finalement accepté avec beaucoup d’amertume que son pote démembré n’aura probablement plus jamais droit à des jeux aussi bons. Je veux dire, son revival en 2D avec Rayman Origins puis Legends était excellent, bien entendu, mais ces jeux n’avaient pas ce supplément d’âme provocateur que peut avoir cet épisode 3. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’Ubisoft est mort en même temps que sa mascotte, mais vu l’état de la société en ce moment, nul doute qu’un retour de Rayman en bonne et due forme lui ferait le plus grand bien. Ubi, si tu nous lis…