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Des modérateurs peuvent bel et bien lire certains de vos messages WhatsApp

Des modérateurs peuvent bel et bien lire certains de vos messages WhatsApp

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© tommaso79 / Getty

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

Signalez un message, quelqu’un d’autre le lira.

La messagerie WhatsApp de Facebook a l’image d’une forteresse imprenable : cryptée de bout en bout et coupée des réseaux sociaux, on ne se doute pas un seul instant que les messages pourraient transiter ailleurs que chez les récipiendaires.

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C’est pourtant le cas. Une enquête du média ProPublica révèle qu’au moins 1 000 modérateurs, employés par l’entreprise Accenture aux États-Unis, en Irlande et à Singapour, ont potentiellement accès à certaines de nos discussions.

Ce point précis n’est pas une surprise : les CGU mentionnent bel et bien que des contenus jugés inappropriés par les récipiendaires (spam, désinformation, discours de haine, menace terroriste, pédophilie, etc.) peuvent leur parvenir à partir du moment où ceux-ci sont signalés. Si un message ne respecte pas les règles, l’utilisateur peut être banni ou mis “sous surveillance”.

Mais il y a trois problèmes : selon les modérateurs interrogés par ProPublica, il y aurait de nombreux faux positifs (des messages remontés alors qu’ils ne contreviennent pas au règlement) ; après un signalement, les modérateurs auraient également accès aux cinq derniers messages de la discussion pour recontextualiser le signalement  ; enfin, last but not least, des algorithmes peuvent, en parallèle, récupérer des métadonnées sur les utilisateurs : nom, image de profil, statut, identifiant du téléphone, adresse IP, état de la batterie (!), langue, fuseau horaire, OS ou encore, existence de compte Insta ou Facebook liés à l’utilisateur. Pour ces deux derniers points, les CGU de WhatsApp n’avertissent pas clairement l’utilisateur.

Les modérateurs, issus de différentes nationalités, sont censés modérer les messages dans plus de 180 langues. Comme elles ne sont évidemment pas toutes représentées, on y fait appel à des systèmes de traduction automatique qui ne sont pas toujours au point et commettent des bourdes, au point de ne pas reconnaître la langue d’origine, assure ProPublica.

Ce qui pose une grosse question technique : alors qu’elle est cryptée de bout en bout (ce qui signifie que seuls les interlocuteurs peuvent théoriquement déchiffrer le contenu des messages), comment est-il possible que WhatsApp en reçoive des copies ? Interrogé par Gizmodo, Facebook affirme que chaque signalement d’utilisateur générerait une “messagerie directe” entre la personne qui lance l’alerte et la maison mère. Sans apporter de détails supplémentaires.

Pour la confidentialité absolue, on repassera.

Pour nous écrire : hellokonbinitechno@konbini.com